Les principes méthodologiques

Présentation des résultats préliminaires

Présentation des découvertes fortuites

Les prospections dans le bassin de Korçë

Afin de replacer le site de Sovjan dans un cadre spatio-temporel plus large, les recherches ont été étendues dans toute la partie nord du bassin de Korçë, autour de l’ancien lac Maliq : c’est le programme PALM (Prospection Archéologique du paléo-Lac Maliq) qui, de 2007 à 2013, a enchaîné sept campagnes de terrain dont les résultats sont actuellement en cours d’étude.

L’objectif de ce programme de prospection est double :

- À l’échelle du bassin de Korçë, il s'agit de compléter, de manière précise et systématique, la carte archéologique pour cette partie de la région, qui comporte déjà un certain nombre de sites repérés ou fouillés au cours des dernières décennies.

- À l'échelle de la zone lacustre, il s'agit d'étudier la dynamique du peuplement sur les rives de l’ancien lac Maliq en fonction de son emprise sur la plaine, depuis la Préhistoire jusqu'à l'époque moderne. Cette problématique, plus spécifique, qui s’inscrit dans le cadre des recherches actuelles sur l’interaction entre l’homme et le milieu naturel, a pu être initiée grâce aux données anthropologiques et paléoenvironnementales inédites fournies par dix années de recherches pluridisciplinaires sur le site de Sovjan.

On ne part donc pas, comme c’est souvent le cas, de l’observation des paysages actuels, mais de ce que l’étude approfondie des processus qui ont abouti à leur formation nous apprend des paysages anciens. La zone prospectée couvre une superficie de 120 km2, dans la moitié nord du bassin de Korçë. Elle est constituée en grande partie par la plaine, sillonnée de nombreux petits canaux de drainage. Une zone de collines, au-dessus du village de Vreshtasi, marque sa limite nord, tandis qu’au sud elle est délimitée arbitrairement par une ligne est-ouest passant entre les villages de Vloçisht et de Rëmbeci. À l’est et à l’ouest, ses limites correspondent aux piémonts des montagnes qui bordent le bassin de Korçë.


Les principes méthodologiques

La méthodologie adoptée a été dictée par nos connaissances de la géomorphologie du bassin issues de l’étude des archives sédimentaires de l’ancien lac Maliq et des carottages réalisés par la mission dès 1996, puis en 2005 et 2006 en liaison avec le programme ECLIPSE du CNRS. Les données obtenues concernent principalement :

 

1) la localisation théorique de l’ancien lac Maliq et les variations de son emprise (hauts et bas niveaux lacustres) depuis la fin du Tardiglaciaire (entre – 15000 et – 10000 avant l’actuel) jusqu’à la période romaine (Ier-Ve s. ap. J.-C.);
2) la localisation de cônes d’épandage et de glacis holocènes qui empiètent sur la plaine;
3) la localisation des dépôts alluviaux et lacustres, complétée par des estimations de l’épaisseur de ces sédiments au-dessus des niveaux archéologiques potentiels depuis le Néolithique.

 

Ces données ont été intégrées dans un système d’information géographique (SIG) associé à un modèle numérique de terrain (MNT) en trois dimensions permettant de visualiser les diverses extensions du lac Maliq au cours du temps. Le SIG, dont la réalisation avait débuté en 2005, comportait déjà, entre autres, les informations relatives aux découvertes archéologiques antérieures, ce qui en a fait un outil déterminant pour élaborer la stratégie de prospection. On a choisi de faire une prospection systématique, et non un échantillonnage de la zone, et cela à cause des caractères mêmes du terrain : tout d’abord, la superficie à prospecter est relativement faible ; ensuite, il s’agit d’une plaine cultivée qui ne comporte pas d’obstacles ou d’accidents de terrain majeurs ; enfin, si l’on veut avoir une représentativité exhaustive du peuplement, on doit prospecter l’intégralité du Nord de la plaine, y compris la zone théoriquement occupée par l’ancien lac. Il est alors intéressant de confronter le modèle géomorphologique des variations du niveau du lac avec la localisation des découvertes archéologiques


Présentation des résultats préliminaires

La dizaine de sites archéologiques de la région qui étaient déjà connus, par des trouvailles de surface par des fouilles plus ou moins étendues (Maliq, Dunavec, Vashtëmi, Podgorie …), a été positionnée avec précision sur la carte, ce qui dissipe définitivement toute incertitude sur leur localisation et permet aussi de bien distinguer des sites voisins que l’on confondait souvent (Podgorie I et II, par exemple).

Mais le programme de prospection a surtout permis de repérer plus de 70 sites nouveaux, dont l’occupation s’échelonne entre la Préhistoire et le Moyen Âge, plus d’un tiers d’entre eux datant des époques préhistoriques (du Néolithique au début de l’âge du Fer), une vingtaine de l’époque romaine et environ autant de l’époque médiévale (VIIIe-XIVe s. ap. J.-C.).


Présentation des découvertes fortuites

En marge des prospections systématiques dans le nord du bassin de Korçë, un certain nombre de sites archéologiques ont été localisés par les membres de la mission franco-albanaise lors de reconnaissances dans la région, ou même de simples excursions.

C’est ainsi par exemple que, dès 1996, fut découvert sur la bordure Sud du bassin de Korçë le tumulus de Kamenica, fouillé quelques années plus tard (2000-2002) par une équipe albano-américaine associant l’Institut archéologique de Tirana, l’International Center for Albanian Archaeology et la Michigan State University. À l’issue des fouilles, menées avec des méthodes modernes, ce tumulus fut le premier site archéologique de la région à faire l’objet de travaux d’aménagement et de mise en valeur, ce qui ajoute à son intérêt archéologique une dimension pédagogique et un attrait touristique.

En 2004 c’est un site du Néolithique Ancien qui a été localisé à Pogradec, au bord du lac d’Ochrid, à la faveur de travaux de construction. Il s’étend sur un peu plus d’un hectare, dans une aire dont on a pu déterminer les limites approximatives.

Dernier exemple : la découverte en 2005, à la lisière occidentale du village de Sovjan, d’un tumulus de plus de 60 m de diamètre et environ 4 m de hauteur, dont on a effectué le relevé mais qui n’a encore fait l’objet d’aucune fouille. Son intérêt tient surtout au fait que c'est le premier, parmi tous ceux qui ont été découverts jusqu’à présent en Albanie méridionale, qui puisse être mis en relation directe avec un habitat préhistorique : le site de Sovjan, distant de moins d’un kilomètre et demi.

Ces découvertes fortuites, et bien d’autres encore, contribuent elles aussi à l’enrichissement de la carte archéologique de la région, même si la nature et/ou la chronologie de certains des sites repérés demeurent souvent imprécises.

M A F A K

ASM
Archéologie des Sociétés Méditerranéennes,
UMR 5140
Université Paul-Valéry - CNRS, MCC
F-34000, Montpellier

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